Résumé :
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Une belle plante à béret rouge et socquettes blanches qui se retrouve à l'ombre des barreaux, quel dommage... Mais que voulez-vous, c'est l'Occupation. Et à cette époque-là, on ne plaisante pas trop avec les Résistants. Fussent-ils des Résistantes aux yeux bleus auxquels il est pourtant bien difficile de résister, justement... Ce matin-là, le sort de la malheureuse Jeanne - dénoncée par une lettre, évidemment anonyme - ne prête guère à sourire. La voilà obligée de passer la nuit en cellule, sous la férule d'un commissaire aux faux airs débonnaires qui ne tient pas à s'attirer d'ennuis. Et quand Jeanne est rejointe par un jeune blanc-bec insolent, cambrioleur de métier et cynique de tempérament, elle se dit que ce n'est vraiment pas son jour. Mais à la guerre comme à la guerre : quand l'occasion de s'évader survient, on ne la laisse pas s'envoler. Et voilà Jeanne en cavale en train de jouer les filles de l'air sur les toits de Paris, aux prises avec un talon défaillant, un compagnon de route peu galant et la hantise de ses poursuivants... En apparence, tout sépare la jeune fille, militante idéaliste passionnée, et l'as de la cambriole pour qui la guerre n'est qu'une occasion de visiter des appartements esseulés. Mais le sort a plus d'un tour dans son sac : Jeanne et François - c'est son prénom - se retrouvent dans la même galère. Ou plutôt à bord de la même péniche : ils sont hébergés par René, marinier de son état, sa femme Huguette, véritable moulin à paroles monté sur pattes, et leur fils Nicolas. Mais la vie sur la Seine n'a pourtant rien d'un long fleuve tranquille : Jeanne se fait du souci pour sa soeur, Mathilde. Et doit absolument entrer en contact avec ses camarades de réseau. Dans Paris occupé, une traque s'engage... Après le succès public et critique de son précédent album, Le Sursis, Jean-Pierre Gibrat poursuit dans une veine comparable. Cette fois encore, son récit se déroule pendant l'Occupation et met en scène une jeune héroïne plutôt gironde. Son superbe travail en couleurs directes, douces et nuancées, est un vrai bonheur : le trait et la palette de Gibrat installent une ambiance qui ferait presque oublier le contexte tragique de son récit. Ses planches ressemblent à ces vieux chromos qui donnent une représentation idéalisée de la réalité, comme si le Paris de la guerre s'était vidé de sa grisaille et de sa douleur. Mais après avoir présenté ses deux personnages clés, Le Vol du corbeau s'imprègne peu à peu de l'époque qu'il décrit : malgré le joli minois de Jeanne, presque trop belle, avec son visage lisse lui donnant des airs de pin-up de calendrier... Mais la guerre quotidienne se rappelle au bon souvenir du lecteur. Et l'échappée belle sur les toits de Paris, qui occupe la moitié de ce premier tome, laisse petit à petit la place à l'angoisse de l'héroïne, vite partagée par le lecteur...
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